Découvertes antérieures

S’agissant en particulier de Cabrera, la dimension patrimoniale est prise pleinement en considération. Il convient ainsi de contribuer à la valorisation des différents éléments constituant ce patrimoine singulier, tout en veillant à leur intégrité et à leur conservation. Les vestiges de la captivité des soldats français à Cabrera sont exceptionnels, comme le montrent de précédentes recherches.

En 2003, et par la suite, Mateu Riera Rullan a dirigé des recherches sur l’agglomération construite par les prisonniers près du port, baptisée ironiquement « Palais Royal » par ces derniers et qu’ils incendièrent le jour de leur évacuation par la marine royale française. Cette agglomération de plusieurs centaines d’habitations est bien décrite par les prisonniers-mémorialistes. Elle comptait un marché et un théâtre.

Autour de cette ville de fortune, érigée pour partie avec des matériaux issus des occupations antiques de l’île, une société se recomposa en l’absence des officiers évacués vers l’Angleterre en juillet 1810. La fouille du « Pla de Ses Figueres », toponyme majorquin du « Palais Royal », a révélé des vestiges d’habitat parfaitement bien conservés. Aux dires d’un prisonnier qui les découvre à son arrivée sur l’île en 1810, ces constructions sommaires étaient « assez semblables aux baraques des camps (du camp de Boulogne), mais moins régulières et moins propres ».

Parmi les vestiges étudiés par les fouilleurs majorquins, se trouve une construction en pierres sèches et torchis de moins de 12 m2, probablement couverte de branchages. La petite construction disposait d’un foyer, de bancs de pierre, et d’un probable châlit ou bat-flanc, matérialisé par des empreintes au sol. Sous les cendres de l’incendie, les couches et structures d’occupation ont livré des vases céramiques et métalliques, issus pour ces derniers d’un artisanat développé par les captifs. Un monnayage primitif semble avoir existé, constitué de boutons et de fèves.