Mission Cabrera 2021

La problématique

La campagne 2021 constitue la première étape de la phase de recherches sur le terrain de la mission « Isla Cabrera 2019-2024 ». Initialement programmé en 2020, elle fut ajournée à deux reprises en raison de la crise sanitaire. Cette campagne écourtée est une intervention à double fin. Il s’agit à la fois de préparer les campagnes de fouilles « lourdes » de 2022 et 2023 en établissant un diagnostic à la fois scientifique et logistique, et de lancer concrètement la recherche par la collecte de données exploitables. Il s’agit donc d’une phase préparatoire, de mise en place des équipes et des protocoles, doublée d’une phase d’acquisition de données.

Les thématiques

Six zones de diagnostic (prospection-détection-test de faits archéologiques) ont été déterminées par recoupement des sources et observations de terrain. Elles sont synthétisées dans une première figure et détaillées dans trois autres (p. 103-106 du projet-cadre). Ces zones, identifiées par les lettres A à F, totalisent une surface de 23 à 25 ha. Pour la campagne 2021, trois zones de recherches par prospection et détection ont été retenues.

Le Camp des Marins de la Garde

La zone A correspond au site des marins de la Garde. Ce dernier est historiquement situé au nord château qui domine le port naturel de Cabrera (entre « Es Cassel » et « Es Pabellons »). La zone A soumise au diagnostic archéologique couvre une surface rectangulaire de deux hectares (2 ha).

Le “Palais” Royal

La zone B correspond au site du « Palais Royal » et du camp de la 4e légion. Ce dernier est situé sur le port, au sud du débarcadère, au lieu-dit « Pla de ses Figueres ». La zone B soumise au diagnostic archéologique couvre une surface de quatre hectares (4 ha).

La “Vallée des Morts”

La zone D correspond au site de la « Vallée des Morts », nom donné par les détenus au 1er hôpital et au cimetière attenant. Il s’agit d’un talweg situé en arrière du port, au sud-ouest de l’agglomération du « Palais Royal ». La zone D soumise au diagnostic archéologique couvre une surface de trois hectares (3 ha).

La fouille d’un maximum de dix sépultures individuelles à inhumation est prévue. Les restes osseux seront prélevés et étudiés in situ.

Le Théâtre

Ce lieu emblématique de la captivité des prisonniers français à Cabrera a fait l’objet d’un repérage en juillet 2020. « Sur le flanc du rocher qui monte au château », comme le décrit le mémorialiste Louis Gille, il n’existe non pas une citerne à proprement parler mais une caverne assez vaste, ayant exactement la forme d’une salle disposée en gradins et qui, très probablement, pouvait se remplir d’eau dans sa partie inférieure lorsque se produisaient les pluies violentes fréquentes en automne dans les Baléares. Aujourd’hui la « citerne » est colmatée sans que l’on en connaisse la profondeur. Depuis la caverne, la vue sur le port est remarquable. Un muret en pierres sèches tardif indique que le lieu a servi d’abris, probablement pour des bergers et leurs moutons. Sans aucun doute, c’est le lieu de spectacle d’hiver, même si tous les éléments de description donnés par les mémorialistes ne concordent pas.

L’étude de la caverne est l’un des principaux objectifs de la campagne 2021, un focus particulier sur un lieu singulier de l’île-prison jamais étudié.

En plus d’un « nettoyage » et d’un sondage stratigraphique dans la partie basse de la caverne, la citerne proprement dite, un relevé 3D est envisagé. Le relevé par photogrammétrie (préférable au scan, dans un premier temps) sera réalisé sans le démontage du muret envisagé dans un premier temps, l’évacuation des blocs et autres éléments résiduels à l’extérieur et la détermination de l’horizon de sol « 1809-1814 ». Les déblais seront stockés temporairement à l’extérieur sur une zone préalablement déterminée et le sondage archéologique sera rebouché au terme de la mission. Le site sera restitué parfaitement conservé.

La demande porte ainsi sur :

• La numérisation 3D de la caverne qui nécessite une opération préalable : le nettoyage de la caverne (enlèvement des blocs et autres éléments erratiques et stockage à l’extérieur sur un emplacement à définir),

• La réalisation d’une détection et d’un sondage stratigraphique de plus ou moins un mètre carré, au centre ou sur les côtés de la partie basse et colmatée de la caverne ; le sondage sera remblayé au terme de l’intervention, avec au préalable la pose d’un géotextile. 

• La recherche de graffitis ou peinture sur les parois et les gradins de la caverne.